Aide au retour volontaire : « Un bon investissement » pour la France, estime Didier Leschi

Sur franceinfo, le Directeur général présente le dispositif de retour et réinsertion dans le pays d’origine mis en place par l’OFII.

En 2022, près de 5 000 étrangers ont bénéficié de ce dispositif matériel et financier censé faciliter la réinsertion dans le pays d’origine. Il concerne d’abord les personnes dont la demande d’asile a été rejetée.

Didier Leschi, Directeur général de l’OFII, visite un projet de Réinsertion en Arménie

L' »aide au retour volontaire », proposé depuis 2015 par la France, a bénéficié à 4 979 étrangers en 2022, selon une information de franceinfo lundi 16 janvier. Une mesure qui constitue un « bon investissement », analyse sur franceinfo Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

L’Office chapeaute quasiment tous les pans de l’immigration, de l’accueil des demandeurs d’asile à la procédure de « retour volontaire ».  « Ce qui est important dans ce dispositif, c’est que ça coûte beaucoup moins cher de financer un retour volontaire que de mettre en œuvre un retour contraint », rappelle Didier Leschi. 

franceinfo : Ce chiffre est en légère hausse par rapport à 2021, mais reste très en-dessous des niveaux enregistrés avant la crise sanitaire (8 781 en 2019 et 10 678 en 2018), comment l’expliquez-vous ?

Didier Leschi : Il y a une reprise des retours qui se fait lentement. On était même monté jusqu’à plus de 10 000 avant la crise sanitaire et on essaye de relancer tout ça. D’abord parce qu’un certain nombre de pays ont continué à demander des tests, des pass sanitaires.

Et il y a quelque chose qui s’est grippé et qu’il faut relancer.

Ensuite, il est plus difficile de rentrer dans un certain nombre de pays. On se souvient par exemple des pays du Maghreb pour lesquels, pendant toute une période, il y a eu même un refus de ces pays de voir leurs ressortissants qui voulaient retourner volontairement dans leur pays d’y accéder.

Cette formule de l' »aide au retour volontaire », mise en place en 2015, en quoi consiste-t-elle ?

Elle consiste à donner aux personnes deux choses. La première, c’est de donner de l’argent immédiatement, autrement dit une enveloppe, un pécule, pour qu’ils puissent faire face à leurs premières dépenses, une fois de retour. La deuxième chose, c’est une aide à la réinsertion, c’est-à-dire élaborer avec ces personnes un projet d’insertion économique dans leur pays, pour qu’ils vivent correctement là où ils sont, pour éviter justement la « tentation » du retour.

Qui est concerné par cette aide au retour ? Et quelles sont les nationalités, les pays qui en bénéficient le plus ?

Cela concerne tout d’abord des personnes qui ont vu leur demande d’asile rejetée. Cela peut concerner également des personnes qui ne souhaitent pas renouveler leur titre de séjour ou des étudiants en fin d’études. C’est le cas souvent d’étudiants de l’Ouest africain qui, du coup, bénéficient d’une aide pour s’installer dans leur pays et ne pas rester ici en situation illégale.

Du point de vue des nationalités, c’est d’abord les Géorgiens, les Albanais [qui sollicitent l’aide au retour], deux nationalités qui rentrent dans l’espace Schengen sans visa, souvent par des vols low-cost et qui, après, se maintiennent sur le territoire. Didier Leschi à franceinfo

Ce sont des nationalités qui, souvent déposent une demande d’asile mais qui, en fait, ne relèvent pas du tout de l’asile. C’est souvent de la migration économique.

On a l’Algérie qui est un pays où on a des passages très importants du côté de l’Espagne et les personnes viennent après en France. Ils ne relèvent pas non plus de l’asile.

On peut y rajouter les Arméniens.

Et puis on a eu pendant très longtemps, dans les chiffres de 2018-2019, beaucoup de Chinois qui bénéficiaient de l’aide au retour.

Nous espérons pouvoir les faire repartir et actuellement, on a plusieurs centaines de Chinois qui souhaitent retourner dans leur pays et pour lesquels on n’arrivait pas à acheter le billet d’avion.

Les détracteurs de cette mesure disent qu’un certain nombre revient ensuite en France. Comment s’assurer que le retour est définitif ?

J’entends bien cela, mais ce serait vrai aussi pour des retours contraints. Je ne vois pas pourquoi les personnes reviendraient plus avec le retour volontaire qu’avec le retour contraint. Ce qui est important dans ce dispositif, c’est que ça coûte beaucoup moins cher de financer un retour volontaire que de mettre en œuvre un retour contraint. Avec un retour forcé, on est obligé de mettre les personnes dans des centres de rétention, les faire accompagner par deux ou trois policiers. Donc l’enjeu de ce dispositif, c’est que ça coûte beaucoup moins cher pour le retour volontaire, avec une efficacité qui est presque comparable en termes de chiffres.

C’est donc un « bon investissement » car cela permet aussi de stabiliser ces personnes dans leur pays d’origine ?

C’est un bon investissement, à la fois pour la France au niveau du départ et c’est un bon investissement car cela peut faire du micro-développement dans les pays d’arrivée.

Je crois que ça fait partie d’une bonne politique que de faire en sorte que les personnes qui n’ont plus le droit au séjour puissent repartir et qu’elles puissent repartir dans des bonnes conditions pour ne pas être tentées justement de revenir.

Pour en savoir plus :

Entretiens avec Jaoued Larbi Belmir (Directeur territorial de Lille) et  Florence Pouille (Responsable Retour Volontaire)